Nouvelle érotique : Echecs et Mate

Charles était impatient. C'était pourtant un dimanche comme les autres, un de ces dimanches routiniers durant lesquels la famille venait déjeuner au manoir, et régler les differentes affaires "entre adultes". Père ne cessait de lui répeter qu'il était trop jeune pour participer aux discussions, et qu'en attendant il ferait mieux d'aller jouer avec sa cousine. Trop jeune !
Comme si, avec ses quinze ans, il était incapable de comprendre les rouages de l'immobilier, les subtilités de la finance, les arcanes de la bourse...

Comme chaque dimanche, ils avaient tous deux été écartés des discussions interessantes.
Comme chaque dimanche, ils se retrouvaient seuls dans le petit salon de jeux.
Comme chaque dimanche depuis qu'elle avait abandonné ses poupées, ils allaient jouer aux echecs. Il connaissait par coeur le style de sa cousine, ce qui diminuait fortement l'intérêt des parties. Elle avait pourtant un an de plus que lui, mais elle était si prévisible qu'il gagnait presque à chaque fois.

Sa cousine, Laura. Elle aussi était considérée comme une enfant, elle devait s'habiller comme sa mère le lui ordonnait. Aujourdhui, c'était un chemisier blanc, boutonné jusqu'au col, et une jupe plissée bleue, descendant plus bas que le genou ("comme il sied à une jeune fille de son age", aurait dit Mère). Des chaussettes en laine, ne laissant pas un centimètre de jambe nue visible. Des chaussures de cuir, à talons plats, evidemment... Et un noeud retenant ses cheveux de jais, s'assurant qu'ils formaient une chute impeccable dans son dos, jusqu'à la taille.

Tout en installant l'échiquier sur la table basse, il l'avait observée par intermittence. Depuis le début de cet été, il avait commencé à se dire qu'elle était jolie, finalement. Après deux semaines, il en était même venu à la conclusion qu'elle était ravissante. Son regard s'attarda encore sur le chemisier, ou plus précisément sur les formes qu'il devinait dessous. Laura surprit son regard, mais ne dit rien. Ou plutôt si, puisqu'elle lui demanda de choisir son camp. "Noirs", dit-il, encore étonné qu'elle ait accepté son idée.

Il lui avait proposé, pour rendre la partie plus interessante, de se déshabiller au fur et à mesure qu'ils perdraient leurs pièces. Les huit pions ne comptaient que pour une seule, et perdre le roi revenait à finir nu comme un ver. Laura savait qu'ils ne seraient pas dérangés, aucun domestique ne venant jamais quand ils y étaient, pour ne pas troubler leur concentration. Et les affaires de la famille ne seraient laissées de côté que quand la cloche du dîner retentirait. Sachant tout cela, elle avait dit oui. Elle savait aussi, pourtant, qu'il gagnait presque à chaque fois. Charles y croyait à peine.

Elle ouvrit, comme prévu, en avançant un de ses pions de deux cases. Il contra, presque machinalement, et la partie se poursuivit ainsi, de manière presque mécanique, Charles exploitant chaque erreur, anticipant les réactions. Il n'avait perdu qu'un pion depuis le début, dans un échange tout ce qu'il y avait de plus académique. Par contre, il avait déja capturé trois pions, et venait de prendre un cavalier. Docilement, Laura retira une de ses chaussures, pour le plus grand plaisir de Charles, qui doutait encore qu'elle respecte la nouvelle règle.

Ils continuerent, et il avanca un de ses fous, protégé par un cavalier. Il menaçait la dame et un fou, elle répondit logiquement par un échange de fous. Ce qu'elle n'avait pas prévu, c'est que le cavalier qui venait de prendre la place menaçait à la fois son roi, et une tour. Avec une petite moue de dépit, elle déplaça son roi, perdit sa tour, et enleva sa dernière chaussure, et une chaussette. Charles défit lentement les lacets de sa chaussure cirée, et l'enleva en s'aidant de l'autre pied. Il consolidait son avantage à chaque prise.

Laura tenta un coup du même style, préparant coup par coup un piège... que Charles avait déja repéré. Pendant qu'elle déplaçait ses pièces pour une embuscade déjouée d'avance, il grignotait ses pions. Il eut le temps d'en ramasser deux, avant qu'elle ne s'inquiète de ces pertes, et ne contre enfin son attaque. Ne se laissant pas démonter, il lancea ses pions à l'assaut, pour fournir autant de soutiens, et capturer autant de territoire, que possible. Voyant qu'un d'entre eux n'était pas protégé, Laura envoya son fou capturer l'imprudent. Avec un petit sourire entendu, il positionna sa dame de manière à menacer le fou, et du même coup empêcher toute retraite. Son fou étant condamné, elle l'envoya prendre un pion, en un dernier baroud d'honneur... et retira sa seconde chaussette, déçue. Charles jubilait, deux pions n'étaient pas cher payer, pour ce résultat.

Il s'autorisa un regard le long des jambes de sa cousine. Pas des cuisses, la jupe cachant malheureusement tout. En moins d'une heure, il lui avait ôté la moitié de ses habits, il leur en restait au moins trois avant le repas. Il pouvait patienter. Ce chemisier était vraiment malvenu, mais il partirait, comme le reste. Patience...

Laura amena son cavalier devant un pion de Charles, et celui-ci vérifia immédiatement toutes les possibilités d'attaque. Toutes les cases étaient protégées, une attaque signifierait la mort de l'assaillant, au prix d'un pion au maximum. Autant dire qu'il ne risquait rien, surtout avec son avantage numérique. Elle ne pouvait pas se permettre ce genre d'actions. Il ne devinait que trop la poitrine de sa cousine. Trop pour l'ignorer, et pas assez pour le contenter. Il mit en place une de ses tours, préparant déja une autre attaque. Objectif : le chemisier. Elle fit de même, alignant une de ses tours sur un pion. Il détourna rapidement les yeux du buste de sa cousine, et vérifia. Un cavalier défendait la case, parfait. Il joua son dernier fou, et reposa prestement les yeux sur elle.

Son visage était éclairé d'un sourire, il en déduisit qu'elle ne voyait aucun inconvénient à ce qu'il la déshabille du regard - en attendant mieux, bien entendu. Elle était divine, ses grands yeux innocents happant son regard chaque fois qu'il passait à proximité. Elle avanca sa tour, et prit le pion, à la grande surprise de Charles. Il riposta, naturellement, ecrasant de son cavalier cet atout majeur... et eut du mal a rester calme quand elle entreprit de déboutonner, lentement, son chemisier. D'abord le col, puis descendant, la peau apparaissant au fur et à mesure que l'échancrure augmentait. Arrivée en bas, elle laissa négligemment le coton lui glisser des épaules, petit à petit. Charles était subjugué, et dût mobiliser toute sa concentration pour garder la bouche fermée. Le soutien-gorge était en dentelle blanche, et ses seins étaient... généreux, pour son age. Il aurait été bien en peine d'estimer ses mensurations, mais il n'en avait pas besoin pour apprecier le spectacle.

Il retint sa respiration quand, se penchant en avant, elle lui offrit une vue plongeante sur son opulente poitrine. Elle saisit son cavalier, et s'empara du sien. Il n'aurait même pas remarqué le coup, si elle n'avait pas annoncé "Echec"... Revenant au jeu à contre-coeur, il ôta sa seconde chaussure en même temps qu'il observait la situation. Le cavalier était la seule pièce à protéger l'endroit, et il venait de prendre la tour, et de succomber à son tour. Le cavalier de Laura, lui, menaçait d'un côté sa dame, et de l'autre son roi et sa tour. Trois pièces ! Ne pouvant rien interposer, il fit bouger son roi à côté de la tour et vit, impuissant, sa pièce maîtresse succomber. Avec un sourire coquin, Laura lui déclara qu'il fallait savoir faire des sacrifices...

En retirant une chaussette, il ré-évalua la situation. Malgré ces lourdes pertes, il gardait l'avantage, et ses survivants étaient plutôt bien positionnés. Il ne put résister à la tentation de lever les yeux, mais la jupe déjoua une fois de plus sa tentative, et il se releva bien décidé à s'en débarasser. Il positionna sa seconde tour pour qu'elle et sa jumelle se protègent mutuellement, à quoi elle répondit par un nouvel "Echec", menaçant cette fois le roi et un pion. Elle fît continuer ce ballet de mort à sa dame, et réussit à prendre trois pions de plus avant qu'il ne réussisse à briser le cycle, en interposant son fou. Elle écarta alors sa reine d'une case, et il reprit l'initiative. Il poussa en avant son dernier pion, elle envoya un des siens à sa rencontre.

Charles mobilisa toute la concentration qu'il lui restait, c'est-à-dire qu'il tenta d'ignorer quelques instants la peau satinée, les courbes délicates, la dentelle, et de mettre au point une stratégie. Normalement, il réfléchissait trois coups à l'avance, mais là il fût heureux de réussir à en prévoir deux. Il attaqua avec une tour, coupant la retraite au roi. Elle fit avancer un des pions qui lui servaient encore de garde rapprochée. Il envoya la seconde tour, mettant en échec le roi honni, et elle fuit par la brèche qu'elle venait de ménager.Il déplaça la première tour, obligeant le roi à dépasser ses pions, les gênant du même coup. Elle rapprocha son cavalier, mais le fou de Charles fût plus rapide, et élimina un des trois pions qui lui restaient.

Il était obsédé par sa poitrine, par le début de nombril qu'il voyait dépasser dessous le tissu bleu marine, et ne pensait qu'à lui faire retirer cet obstacle. Elle joua sa dame, et profita du départ du fou pour le remettre en echec, menaçant une des tours pour faire bonne mesure. Charles écarta son roi, le mettant du même coup juste au contact du cavalier qui restait à sa cousine. Elle choisit de prendre la tour, et il eut un sourire carnassier en se vengeant sur l'équidé. Il aurait dû vérifier qu'en faisant cela, il ne risquait rien. Il aurait dû s'appercevoir qu'en le prenant, son roi quittait la protection de sa dernière tour. Mais il ne pensait plus. Il retira sa dernière chaussette à tâtons, ne voulant pas détacher son regard de la jupe qui s'abaissait doucement, révélant un ventre plat, terriblement attirant, et une culotte de satin blanc. Toute simple, mais derrière laquelle il n'osait imaginer le saint graal.

En fait, il ne le pouvait tout simplement pas, n'ayant aucune idée précise sur l'aspect qu'aurait le trésor tant convoité. Il en était là, perdu dans ses rêveries, les yeux randonneurs chevronnés, tant ils s'étaient baladés, quand elle le mit en échec avec sa dame. Cette maudite dame qui lui avait tant coûté depuis le début, et qui venait de se placer, juste à un pas, en diagonale, de sa dernière tour. Son roi fonça, tel un berserker, vers le front, là où les pions s'étaient bloqués, et elle lui fit un sourire ravissant en le delestant de sa forteresse mobile. Il ôta sa cravate, ce qu'il aurait dû faire depuis longtemps étant donné son état, et alla même jusqu'à déboutonner le col de sa chemise.

Il lui restait un pion, un cavalier, un fou, et evidemment son roi. Elle, avait encore sa dame, deux pions, et son roi. L'avantage avait changé de camp. Il envoya son dernier cavalier menacer dame et pion, à quoi Laura répondit en déplaçant la dame, pour protéger le pion. Il bougea son fou, s'offrant du même coup plusieurs possibilités d'attaque, et elle bougea un pion pour débloquer la situation. Il sacrifia le sien pour anéantir l'intrus, et la dame vint le cueillir sur place. Ayant perdu tous ses pions, il enleva sa chemise, rapidement, plus contrarié par le fait de ne pas deshabiller sa cousine que de devoir se mettre à nu.

Il vit enfin le moyen de se débarrasser de la reine. Il mit Laura en échec avec son fou, et elle fila se cacher, comme prévu, près de sa dame. Il fit donner la cavalerie, la positionnant collée à son roi, pour menacer celui de sa cousine. Ne pouvant pas fuir, elle dût éliminer la menace avec sa dame, que le roi éxécuta avec un soupir de soulagement.
Charles était aux anges. Il se leva, et laissa tomber au sol son pantalon, qu'il avait perdu en même temps que son cavalier... mais il n'y accordait aucune importance. Son regard était rivé sur le soutien-gorge, qui se détachait lentement, à mesure que Laura le dégrafait. Les seins de Laura. Les têtons de Laura. Il aurait voulu les prendre, les caresser, les goûter.

Il s'approcha d'elle, et tendit timidement une main, mais elle recula, se rassit, et lui dit que la partie n'était pas terminée. Sous son caleçon, une bosse de plus en plus visible apparaissait, et elle l'acheva en la désignant négligemment du doigt, et en déclarant que cette promotion lui semblait illégale. Ses seins l'hypnotisaient, se balançant au rythme de ses mouvements, quand elle se penchait pour jouer, et quand elle se redressait. Elle faisait progresser ses pions, lui essayait de l'arrêter, avec son roi et son fou. Il ne pensait plus gagner, mais il pouvait encore la voir nue... il lui suffisait de prendre les deux pions, et elle s'offrirait à ses yeux. Il laissa donc une ouverture, espérant séparer le roi des proies.
Comme prévu, elle sépara ses forces. Charles aligna son fou sur un pion, et sur le roi, juste derrière, immobilisant le pion. Laura fit avancer l'autre. Ne voyant que des proies fuyant devant son loup féroce, Charles dévora l'agneau qu'il avait immobilisé, mettant le roi en echec. Celui-ci se rapprocha de son dernier pion. Charles voulut s'interposer devant, mais son propre roi lui bloquait la route. Il réalisa trop tard son erreur, joua n'importe quoi, et vit avec horreur le pion se changer... en dame.

Il savait qu'il avait perdu. Sa cousine était prévisible, mais pas mauvaise. Il tenta de résister, de provoquer le "pat", ou au moins un échange qui les dénuderait tous les deux, mais rien n'y fit, et il finit mat, et nu comme au premier jour. Sa cousine eut un petit rire en voyant son érection, et se pencha vers lui pour l'embrasser... sur le front. Puis elle fit tomber d'une pichenette le roi vaicu, et se détourna pour se rhabiller. Etait-ce par mimétisme, ou par déception ? Le sexe de Charles l'imita, et tomba rapidement.

Il se rappela toute sa vie de l'épitaphe qu'elle avait mis sur ses espoirs : "Tu sais...", avait-elle dit, désignant le membre désormais mou et pendant, "...il joue nettement moins bien que toi."

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